Le sujet Risque n’est pas un bloc. Sur lui, il semble, en effet, difficile de passer du silence cache danger au langage vérité, sans s’exposer à surprendre, voire, à désarçonner. D’où, la double difficulté :
- de dire sur le Risque
- d’entendre sur le Risque
1/ difficulté de dire sur le Risque
Une chose est sûre : voici encore quelques années, les positions officielles, partout dans le monde, étaient plutôt à ne pas sensibiliser ou à ne pas révéler ou à ne pas montrer, encore moins à ne pas faire peur, bien sûr, donc à ne pas (trop) dire. Depuis, diverses catastrophes ont participé à entraîner une réflexion citoyenne sur la réalité du Risque Majeur. Au même titre que les sujets économiques, politiques, sociétaux, les citoyens français – mais pas uniquement – se sont emparés du sujet Risque Majeur. D’où des demandes plus fortes de leur part et des prises de position plus franches de la part du « chargé du Risque » dans la notion de dire.
Il y aura toujours des vérités qui ne sont et ne seront pas bonnes à dire. Déjà, nous avons une certitude : on sait que le Risque zéro n’existe pas. A partir de ce postulat qui peut faire peur, en tout cas inquiéter, mais qui peut être révélé parce que réaliste et par là-même compréhensible par tout un chacun, il est certainement possible d’avoir des réponses à des questions, d’obtenir un renseignement, de parvenir à se constituer un dossier, de recevoir un ensemble de données nécessaires, à défaut d’être suffisantes, portant sur un Risque Majeur, celui qui nous occupe. Sinon, peut-être ne saura-t-on pas que l’on est assis sur un parcours souterrain de tuyaux et tubes divers, chargés de fournir les populations en gaz et pétrole. Peut-être ne saura-t-on pas que l’on est installé dans une zone de crues. Peut-être ne saura-t-on pas que notre maison est construite sur une ancienne carrière. Peut-être ne saura-t-on pas que l’endroit où l’on a fait construire notre nid douillet, est finalement situé pas si loin d’une usine qui et que… ce qui produit des émanations de… des retombées de… des poussières de… qui, quand le vent d’ouest/nord-ouest souffle, eh bien, provoque une respiration plus difficile, rend l’asthme plus présent etc… Peut-être… A moins qu’on le sache sans le savoir tout à fait. De toute façon, un jour, un autre, la vérité éclate. D’où la nécessité de dire au plus près de ce qu’il y a à dire.
2/ difficulté d’entendre sur le Risque
Mais dire, ne signifie pas que l’on soit entendu, donc écouté, donc compris. Pourtant, ne pensez-vous pas qu’il vaut mieux que les choses soient effectivement dites, dès le départ, une bonne fois pour toutes ? Une première question : si l’on décide de vivre à côté ou pas trop éloigné d’un Risque Majeur, ne vaut-il pas mieux le faire en toute connaissance de cause ? Une seconde question : ne vaut-il mieux pas se préparer à une éventuelle, impossible, hypothétique, incertaine, infaisable, impensable, inenvisageable, incroyable, incompréhensible… mais qui peut tout de même se produire, Réalisation du Risque ? Une troisième question : si l’on veut, à titre personnel, prendre des responsabilités, face au Risque, autrement dit, si l’on veut totalement se responsabiliser, ne vaut-il pas mieux détenir un maximum d’informations qui nous permettront de le faire dans les meilleures conditions ?
Ce dernier point est une clé de l’art de vivre avec le Risque Majeur. Et pour se donner les moyens de réussir, nous devons détenir des informations fiables, vérifiées, certifiées pour accomplir son parcours initiatique d’abord, consolidé ensuite, à la conquête du Risque Majeur.
Quel est l’enjeu ? Oser. Oser s’informer, oser entreprendre afin d’oser se responsabiliser. Assumer le fait de s’entendre dire que nous côtoyons le Risque Majeur chaque jour, où que nous soyons, quoique nous fassions, tout en sachant – il ne s’agit pas de tomber dans la paranoïa – qu’il est le plus généralement connu, surveillé, souvent maîtrisé. Assumer l’idée de se rappeler qu’à tout moment il est en passe de frapper et, qu’alors, il s’agit d’être positivement réactif avant de répondre, si cela s’avère possible, aux phases opérationnelles du secours et de l’accompagnement. Avec discipline, justesse, vaillance et générosité.
C’est à la Communication de porter «à connaissance». Simplement, ayons toujours à l’esprit que son rôle ne s’arrête pas pour autant, puisqu’au-delà, elle va faire savoir, entraîner, tout en tendant à rassurer, à sécuriser.
Naturellement, vous l’aurez compris, il appartiendra à chacun d’entre nous, de se mettre en situation d’écoute et de réception et peut-être de provocation, si, pour ce dernier cas, on estime le contenu de Communication insuffisant. On doit, au bout du message, adopter – il faut que ce soit son choix – l’attitude volontariste, qui sera, comme son nom l’indique, émettrice d’une action. On ne pourra le faire, qu’à condition d’avoir eu accès à la connaissance sur le Risque Majeur, qu’il s’agisse de celui dont on parle de façon générique, comme de celui qui nous occupe dans notre quotidien.
Quant à celui que l’on ne soupçonne même pas d’exister, et qui, pourtant, existe bien, nous ferons appel à nos acquis, si par infortune, nous devions le croiser.