Cette expression bien française ne peut pas mieux tomber ! La neige couvre, ces jours-ci, une grande partie de la France. C’est l’hiver, effectivement le nuage gazeux fait des rencontres pleines d’humidité. Il y a, au sens propre, de l’eau dans le gaz.

Comme souvent, dans ce genre d’affaire, le début de polémique s’installe, çà préchauffe entre les responsables de l’unité émettrice du problème, la Préfecture, d’une part, certains écologistes, certains riverains, certains autres plus éloignés, d’autre part. Je n’oublie pas la Presse qui va, vient, elle est dans son rôle. Il y a, au sens figuré, de l’eau dans le gaz.

Sans compter la comparaison immédiate entre ce nuage et celui de Tchernobyl. Cela s’appelle «vouloir aller dans le sens du vent», autrement dit, vouloir créer le buzz … Or, si j’ai tout compris, le nuage mercaptan pue, quand le nuage nucléaire tue. Où est le rapport ? Evidemment, les comparateurs parleront de la gestion française de l’évolution du nuage nucléaire et de de ses répercussions, à l’époque. Des leçons ont été tirées et cette fois-ci, des voix techniques, administratives et médicales ont aussitôt fait savoir que le danger n’existait pas. La gêne, le désagrément, une forme de difficulté, de trouble, oui, mais la mort, non. Maintenant, à ceux qui nous disent que l’échappement n’est pas une question de mercaptan, mais bien autre chose… Bon, ne faisons plus confiance à qui que ce soit et le problème sera réglé. Qu’il faille rester prudent, vigilant, qu’il faille attendre pour en savoir plus, qu’il faille vérifier, recouper, se renseigner, demander, consulter et chercher à se faire sa propre opinion, c’est bien. Très bien. Si chaque citoyen que nous sommes se donnait les moyens de le faire, ce serait parfait. Mais d’emblée, déclarer péremptoirement : «non, on nous enfume !», de grâce, arrêtons.

Je le dis quelque part sur ce site que, je peux fort bien être un candide. Je ne suis pas technicien, je ne suis pas Préfet, je ne suis pas journaliste. Je suis un individu, citoyen qui écoute, observe, se fait son idée sur tel ou tel sujet. Il me semble que l’on le ressent assez vite, quand la gêne s’installe du côté de l’émetteur d’une réalisation de Risque. Ici, la position a été, je crois, claire. Tardive, peut-être, mais claire. Et confirmée par d’autres.

Ne croyez-vous pas que chacun d’entre nous n’a pas suffisamment d’emmerdes dans sa vie au quotidien, pour ne pas en rajouter inutilement ? Ne croyez-vous pas que chacun d’entre nous a mieux à faire que d’entendre tel ou tel roitelet, issu de tel ou tel royaume de de l’écologie, nous dire doctement qu’il a raison ?

Mais, je relève aussi que Paris est en jeu, le nuage flotte sur la Capitale ! Alors, on en parle. La Province va légitimement pouvoir, de nouveau, se gausser  : « ah, ben voilà, le gaz gêne les parisiens, alors il faut que toute la France ait mal à la tête ! ». Il y a bien quelque chose de vrai, dans cette remarque. Et les titres des médias seraient-ils aussi lisibles, aussi visibles, aussi audibles, si le gaz était parti dans l’autre sens ? D’ailleurs, il l’a, pour une part, fait, puisqu’il a été chatouiller Mister Cameron sur le sud de l’Angleterre. Au fait, çà ne va pas arranger les affaires de l’Europe, cette histoire, parce que le référendum pour ou contre le maintien de la Grande Bretagne dans le giron européen, d’ici 2017, va sans doute prendre en compte le nuage. Et il vient du continent !

Décidément, il y a vraiment de la water in the gas* !

*littéralement : eau dans le gaz

Bernard Sautet
23 janvier2013