L’Est américain touché par un ouragan hors normes – le maintenant célèbre Sandy – c’est l’occasion, pour tout un peuple, de montrer une nouvelle fois, l’énergie de ses individualités, en même temps que la force de sa solidarité.

Décidément, l’esprit pionner est toujours aussi vivace aux Etats-Unis. Cette marque de fabrique rejaillit à chaque fois qu’un événement à l’impact particulier se produit, laissant admiratif le monde entier. On peut reprocher tout ce que l’on voudra aux américains, mais on ne pourra pas leur enlever ce sens inné de la réaction individuelle et cette mise en action immédiate de l’aide et du souci de l’autre.

Ce qui est tout particulièrement impressionnant et doit donc être relevé, c’est que leur premier réflexe après qu’un Risque se soit réalisé, c’est de savoir aussitôt, mais dans les moments qui suivent, poser le problème, le prendre en mains, pour eux comme pour leur famille. Ils n’assaillent pas le sauveteur, n’agressent pas l’assureur, n’attendent pas après l’élu, l’Etat, ni tel ou tel organisme. Ils ne discutent pas, ils n’ergotent pas : ils font. Quant à ceux qui passent au travers des mailles du filet de la destruction, ils savent s’organiser pour venir contribuer qui à l’aide humanitaire, qui à l’appui logistique, qui au sauvetage des animaux et des biens.

Et cette fois-ci, plus que d’autres sans doute, il y aura eu de l’autre côté de l’Atlantique, le déclenchement d’une prise de conscience marquée pour la reconnaissance d’un phénomène évident que beaucoup à travers la planète redoutent : le changement climatique. C’est toujours difficile à admettre, mais très certainement fallait-il qu’une ville comme New-York soit touchée, pour que la réflexion s’impose et impose l’idée d’un principe de précaution à nombre de politiques, de responsables de tout poil, de citoyens, qui en connaissaient l’existence, mais ne voulaient pas le reconnaître. Alors, bien sûr, se pose d’ores et déjà la question du «faut-il réparer ou faut-il tout reconstruire» ? A la limite, la question n’est pas là. On sait que, quelle que soit la solution retenue, le coût sera exorbitant. Ne serait-ce que par les investissements à engager pour «protéger». Car réparer ou tout reconstruire exige d’être protégé. Non, la vraie question est celle du devenir de l’idée même de la construction ou la reconstruction en bord d’eau. Faut-il rester ou développer des zones dont on sait qu’elles seront de plus en plus souvent inondées. Or, ce sont des zones très demandées pour ne pas dire exigées par une partie de la population.

Le problème s’expose à New-York comme partout ailleurs, aux Etats-Unis ou dans le monde et ne doit pas laisser la place au marché du grand n’importe quoi. C’est là qu’intervient la responsabilité pour chacune et chacun d’entre nous, en tant qu’individu responsable, élu, technicien, citoyen. Sandy vient douloureusement le rappeler : ce type de question est toujours à poser. Une bulle de vérité, bonne à laisser éclater. C’est donc mieux en le disant.

Bernard Sautet 

Novembre 2012