La Cité de Macron ne peut pas être la Cité de Platon. En est-il l’unique responsable ? Certainement pas. Pas plus que ces prédécesseurs, aussi loin puissions-nous remonter. Depuis toujours, mais avec une exacerbation prononcée ces dernières années, que ce soit à Paris ou dans les villes de nos douces Provinces, un arbre cache la forêt. Nous l’évoquions, à propos des trottinettes :  l’incivilité. Elle est expansive.

Douces, douces, les Provinces, c’est vite dit ! Quand vous voyez les regards, les réflexions, les comportements, les agressions, les homicides, cette échelle de jalousie, de rancoeur, de haine et parfois pour rien… N’est-il pas temps de revenir, ne serait-ce qu’aux fondamentaux ?

Évidemment. Il suffit de revenir à quelques dizaines d’années, en arrière. Bien au-delà de notre période actuelle. 1968, ça vous dit quelque chose ?

Ah, non, vous ne touchez pas à 68. 68, c’est 69 ! Enfin, vous me comprenez… c’est une image, une symbolique… Je veux dire que Mai 68, ce sont les corps offerts à l’envi, les pensées lancées dans les courants d’air du libre engagement, les créativités lâchées dans les arènes du spectacle, sur les scènes de la musique, dans les replis de la littérature, c’est la parole libérée. C’est le coup d’envoi donné au rejet des contraintes, la voie ouverte à l’éclatement des désirs, à l’explosion des rêves… Les politiques sont largués, la religion se planque, la haute bourgeoisie interpelle, la réclame devient pub, la jeunesse débat et s’emballe, les intellos débattent et déballent, les filles remballent les mecs, les coincés se lâchent… Paris est au centre du Monde, la France frappe fort… 

Où il va, là ?

C’est la respiration du peuple, la fin des chaînes, la marche vers la Liberté avec un grand L…

Stop !!! À moi. 51 ans plus tard, on en est où ? Le mot Liberté, qu’est-il devenu ? Son contenu, quel est-il ? Un gloubi-boulga de formules, dans lesquelles chacun trouve sa vérité, pour peu qu’il ait à utiliser le mot « libre ». La parole libre, la libre expression, le libre échange, l’être libre… Au prétexte de liberté individuelle, chacun, au final, pas toujours heureusement, mais beaucoup trop souvent, se croit tout permis. Tout cela, parce qu’il estime qu’il a le droit. Le droit de, le droit à… Ainsi, naissent et se propagent les incivilités. Par contre, le devoir ? Que devient le devoir ? Remettons les valeurs à l’endroit en faisant appel à John Stuart Mill et à sa célèbre phrase : « La liberté des uns, s’arrête là où commence celle des autres ». Aujourd’ui, combien s’en foutent ! Simple, pourtant. Chacun a droit à un espace de liberté, oui. Un espace, pas l’Univers ! Aussi, chacun ne doit pas croire que, puisqu’il a décidé, il peut passer impunément à l’acte. Et quand je dis ça, ça ne vous rappelle rien ?

Ben si : « Il est interdit d’interdire »…

Merci, 68. 1968 – 2019 = 51 ans d’interprétation, d’incompréhension, de laisser aller, de contournement, de reculade, de renoncement et, aujourd’hui, une Société qui se fissure quand elle ne se déchire pas. Avec son lot quotidien de provocations, d’incidents, d’incendies, de crimes dans toute l’acception du terme. Tenez-vous bien : en 2009, 1767 homicides ou tentatives d’homicide. En 2018 – il s’est passé 10 ans – 3168 ! Soit 144,6 % d’augmentation. Effarant ! On le voit, les dérives sont nombreuses. Douloureuses car, au bout, il y a une atteinte à la personne. Une Société d’agressivité morale/physique, d’agression permanente.

Pessimiste !

Réaliste, me semble-t-il ! Simplement, si l’individu voulait bien, ne serait-ce qu’intégrer l’autre dans sa façon de penser, de se comporter, d’agir, sans doute vivrions-nous, tous, mieux. Pour redonner des couleurs au tableau, heureusement, il y a de belles choses : des êtres rares, des situations souriantes, des actes remarquables, des moments magiques, des lieux magnifiques. La Terre reste la Terre. Ne peut-elle donc pas éviter de trop jouer avec la boue ?

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