Tout va vite. L’époque veut çà. La société est à la manœuvre. Tout à la fois, l’homme invente, construit, détruit, suit, subit. Une partie du monde devient déraisonnable. Le Risque Majeur est dans le mouvement : famines, guerres, violences extrêmes, catastrophes, celles dont on parle – 9% – celles dont on ne parle pas – 91% (ce sont les chiffres de la Croix Rouge Française, du sérieux) -, elles sont partout. Et tant que cette déraison n’aura pas atteint son paroxysme, elle ne voudra pas s’arrêter.

Mais, l’homme sait faire preuve de raison. En matière de Risque, il peut faire résonner la raison. Quand il le veut bien, il intervient. En amont, pendant, en aval, quel que soit le niveau d’intervention, la solidarité peut alors jouer. Simplement, il ne faut pas que les intérêts l’emportent. Intérêts des Etats, lobbies, égoïsmes particuliers. A un moment ou à un autre, la pression populaire relayée par la pression médiatique, font le reste. La voix de la raison s’entend. L’indignation, la manifestation, la révolte, la révolution bousculent ou stoppent des dictatures, des injustices, de petits arrangements entre amis. Et les réseaux sociaux prennent leur part dans ce combat.

La notion de réseau remonte au 17è siècle, mais c’est l’anthropologue britannique John A. Barnes qui a été le premier à employer l’expression de «réseau social». C’était en 1954, dans un article paru dans Human Relations et dans lequel il fait part de ses conclusions, après avoir étudié l’organisation de la population d’une ville norvégienne, Bremnes. Il ne prend plus comme fondamentaux d’étude les âge, profession, croyance etc. (des données personnelles rigides) de chacun, mais leurs relations (données fluctuantes), dont il suit l’évolution et analyse l’impact sur le comportement individuel. Né en 1995 aux Etats-Unis, couvrant le monde en 2004, sur internet, le réseau se crée par pôle d’intérêt, formant un club qui, dans son extension, se mue en réseau social.

Le Risque Majeur échappe, pour partie, à ce concept. Le réseau social ne se crée pas par rapport à un intérêt commun, le Risque (même si des réseaux peuvent rassembler des professionnels qui vont échanger sur et autour du sujet), mais, il vient en soutien, mieux, en fer de lance d’un mouvement pour le dénoncer ou le combattre. Les exemples les plus marquants, sont évidemment les appels à manifester de ce que l’on a appelé le Printemps arabe. Toutefois, le réseau social peut tout à fait peser dans la prévention et le suivi du Risque. Et, cette fois, non pas au travers des peuples mais grâce à l’investissement de quelques uns, particulièrement dans le domaine de l’urgence avec des professionnels qui s’organisent autour des MSGU (Médias Sociaux en Gestion d’Urgence).

Ainsi, les réseaux sociaux commencent à prendre leur place dans la Communication sur le Risque. La Nouvelle Zélande a amorcé le mouvement. Au Canada, le Québec frappe fort. Des femmes, des hommes mènent l’action. En français, bien sûr. Compréhension facilitée pour nos cousins, outre Atlantique, répercussion pour nous, en France. Nous sommes, maintenant, partie prenante dans cette avancée. Ceux qui font, se reconnaîtront. Mais, avancée et non pas adhésion. Comme tout ce qui est nouveau, il y a cette période d’expectative. Attendre pour voir, ne pas se tromper, ne pas se ridiculiser si l’on n’est pas dans le bon sens. Celles et ceux qui croient dans les MSGU, eux, ne se posent plus de questions. Certains les envieront, d’autres freineront, les derniers s’en foutront. C’est français.

Les réseaux ont franchi cette étape. Nos concitoyens sont fans, ils ont adhéré ! Profitons de cette ouverture pour faire en sorte qu’ils adhèrent au combat contre le Risque Majeur.

Bernard Sautet

3 mars 2013