Quand le mois de Mars se prend à garder la tête froide, pendant que le Gouvernement, lui, se prend la grosse tête, nos concitoyens, eux, n’ont plus qu’à se prendre la tête entre les mains ! Mais, qu’est-ce qui à pris à cet Hiver d’oublier de finir, quand son successeur, le Printemps, arrive ? Qu’est-ce qui a pris au premier des ministres de dire qu’il avait su gérer la situation, ce qu’évidemment (sous entendu), à problème identique en 2010, son prédécesseur n’avait pas fait ? Qu’est-ce qui a pris aux français de peu râler, durant cet épisode difficile, eux, qui, pour bien moins, montent tout de suite aux créneaux ? Le climat évolue, le gouvernement ne le fait pas, les français regardent, circonspects.

La neige – sur une partie du Pays – n’est pas une nouveauté en soi. Les mois de mars enneigés, on a déjà connu. Mais la soudaineté de l’événement, son intensité font partie des questions que l’on est en droit de se poser sur l’évolution du climat. Pourtant, on pourra dire que ce coup de froid n’est en rien, dans la droite ligne du réchauffement climatique ! Simplement, remarquons que l’on parle tout aussi souvent, de dérèglement climatique. Et le dérèglement n’est pas qu’affaire de climat. Si l’on écoute le Premier Ministre nous déclarer solennellement, au pied du grand escalier de l’Elysée, que son gouvernement a aussitôt réagi à cet épisode exceptionnel, qu’il a pris les bonnes décisions, donc que tout va bien et que l’on peut être heureux, on remarquera que son Ministre des Transports, lui, indique qu’il y aura des leçons à tirer, pendant que la Ministre de l’Ecologie attend le retour d’expérience, avant de se féliciter ou non de l’action réellement menée. Car que constate-t-on, pour l’essentiel : une intervention du lendemain qui n’a que peu ou pas soulagé les personnes touchées et que quatre jours après le début de l’événement, bien des situations humaines restent délicates entre chauffeurs routiers comme automobilistes encore déboussolés, familles toujours privées d’électricité ou sans possibilité de ravitaillement, écoles justement ou injustement fermées, etc. Ce ne sont pas les secouristes, les bénévoles, les salariés de chez ERDF ou autres qui sont en cause, bien au contraire. Ils font le boulot et sont dévoués. Cette situation, dans sa vérité, est compréhensible et peut donc s’expliquer. Par contre, l’autosatisfaction mal placée est mal venue.

Que peuvent penser les Français ? Ils ne constituent pas une masse, comme on nous le laisse entendre constamment. Il y a ceux qui étaient directement concernés. Il y a ceux qui l’étaient à un moindre degré, pris dans l’événement, chez eux, au chaud. Il y a ceux qui étaient témoins de proximité, se disant que cela pouvait leur arriver et surveillant l’avancée du phénomène. Et puis, il y a ceux qui étaient loin de tout çà. Aussi, leurs pensées, leurs réactions, leurs agissements sont très différents selon qu’ils étaient touchés ou pas.

Depuis quelques années plus particulièrement, nos concitoyens sentaient bien que leur monde changeait, que quelque chose allait se passer, puis ils ont su, compris, intégré les crises financière, économique, bientôt sociale. Ils n’avaient pas spécialement d’inquiétude autre. Le Risque Majeur ne faisait pas vraiment partie de leurs soucis. Bizarrement, au fur et à mesure de la montée en puissance des difficultés dans leur vie – maintenant unanimement reconnues – le Risque devient un peu moins lointainement présent. Une tempête, une inondation, un incident technologique, un accident nucléaire à l’autre bout du monde, entretiennent cette attitude. Plus qu’une prise de conscience. Aujourd’hui encore, un épiphénomène quel qu’il soit, n’entraine pas de mouvement particulier, tant l’existant prend le pas sur ce qu’il pensent être l’improbable. Même si, un jour…

Alors, la France continue de subir ses sécheresses, ses frimas… et ses frimes. Comme tout le Monde.

Bernard Sautet

15 mars 2013