Il y a un peu plus d’un an maintenant, le Tsunami sur les côtes Est japonaises est venu cruellement rappeler au Monde entier que le Risque Majeur est là. Pourtant tout le Monde le sait… Tout le Monde le sait, mais ne le mesure sans doute pas ou pas assez.

Qui ose parler ouvertement du Risque qui se trouve à sa porte ? Qui le voit vraiment, le fixe du regard ? Qui expose, au lendemain d’une Réalisation de Risque, les réalités de ses retombées, immédiates comme plus lointaines : Tchernobyl, septembre 2001, tempêtes diverses, inondations d’en haut et d’en bas de la France… ? Qui, des mois plus tard, fera le bilan, ira se présenter devant des victimes, des familles des victimes, ne serait-ce que pour prévenir leur action  – et non plus leur réaction – celle qui deviendra ou restera celle de la colère, mêlée à la douleur, mélange explosif ? Un responsable, oui, mais responsable de quoi : du non-événement qui était là (est-il le véritable, l’unique responsable ?), de l’événement qui en est issu (peut-il l’être, totalement responsable, quand tant de paramètres entrent en jeu) ?, de l’environnement, d’une politique, d’une activité… ? Tandis que d’autres responsables, eux (responsables de quoi, par rapport à l’événement ?), parleront pour expliquer que, dans notre Pays, il faut développer une Culture du Risque. Puis, stylos, micros et caméras rangés, ils vaqueront à d’autres occupations.

Finalement, qu’auront-ils voulu dire ? Il faut bien fournir une explication, puisqu’eux-mêmes n’auront peut-être pas précisé leur pensée. Sans doute veulent-ils signifier que chacun de nous n’est pas prêt pour aborder le drame, la douleur, la mort et de plus, subitement. Sans doute pensent-ils que chacun de nous, pris dans son quotidien, refuse de voir. Sans doute rappellent-ils qu’aujourd’hui, la responsabilité de chacun commence là où s’arrête celle des autres. Or, devant le Risque Majeur, chacun est responsable – ou devrait se considérer comme responsable – de soi. Avant tout. Retenons que la notion même de responsabilité est universelle. Seulement voilà, par crainte, par gêne, par je m’enfoutisme, comme le regard se détourne encore du handicapé, la volonté se détourne du Risque.

Faire son testament ne veut pas dire mourir aussitôt. La Culture du Risque part du même principe : savoir, prévoir au mieux, prévenir, connaître, maîtriser, en un mot, se préparer, ne veut pas dire que demain, un Risque se réalisera. Simplement, au cas où… : se préparer signifie que, peut-être le testament ne sera pas ouvert à ce moment là.

La Culture du Risque n’arrivera pas sur nous, par l’opération du Saint Esprit ou par le biais d’un coup de baguette magique. Prenons-nous en main. Pour savoir aimer les autres, il faut certainement s’aimer soi-même. Aimons-nous au point de tenter de tout faire pour sauver notre peau, toujours au cas où…, afin, ensuite, de participer à aider les autres pour qu’ils sauvent la leur. Regardons le Risque. Et si nous le décidons, jaugeons ses capacités, apprenons à l’accepter, à le connaître. Posons-nous la question : s’il se met à bouger, je fais quoi ? Pour moi, pour les autres.

La Culture du Risque n’est plus un vœu pieux, un contenu à moitié plein ou à moitié vide, une expression difficilement concevable par chacun. La Culture du Risque, construisons-là. Une proposition sur : quoi faire ? comment faire ? où faire ? quand faire ? avec qui faire ?, existe. C’est le début du concret de quelque chose qui n’est plus tout à fait impalpable. Le Programme Eveil & Veille peut, au moins vous permettre de vous poser les bonnes questions, au mieux vous permettre d’être vous.

 Maintenant, la Culture du Risque, nous pourrons en parler.

 Bernard Sautet

 Juin 2012