Cette année est un peu particulière sur le plan de la météo, avec l’hiver qui joue les prolongations. Même si les températures réfrènent certaines ardeurs, il n’en est pas moins vrai que les dates poussent à s’habiller plus légèrement… puisque l’on est en avril. Le 1er – autant qu’il m’en souvienne – les militaires adoptent la tenue d’été et certains civils suivent ce principe, puisque nous sommes en avril. Les vêtements d’hiver entrent alors dans le placard, quand ceux d’été en sortent. L’heure c’est l’heure !

Sur le plan du Risque Majeur, on s’aperçoit que le fameux dicton sur la meilleure façon de s’habiller en avril, s’adapte très bien. Car la recommandation est toute aussi judicieuse. La nature aime parfois nous contrarier. Elle en rajoute une bonne couche avec la neige, elle arrose quelques terres, suffisamment pour provoquer des inondations, elle en fait craquer d’autres, sous l’effet du gel, elle saisit les fleurs et fait se recroqueviller les plantes sous ses coups de froid matinaux, elle surprend les animaux qui restent frigorifiés de longs moments avant de se bouger, elle fait jaser les femmes et les hommes, les fait râler, alors qu’ils ont tant d’autres chats à fouetter… Mais, surtout, elle est dangereuse, avec ses façons de faire. C’est dans ces moments d’inattendus que les avalanches se défoulent un peu plus, que les rochers se fendent, provoquent des éboulements, que les lits des rivières s’étirent, aboutissant à des inondations, toujours désagréables, parfois douloureuses. Les terres ne savent plus comment se comporter ! Sèches, détrempées, dures, molles elles travaillent, nous apportant leur lot de désagrément ou de souffrance.

L’homme, en avril, ne doit pas penser que tout est beau, parce qu’avril est arrivé. Il doit rester pour le moins vigilant, être prudent dans la foulée de l’hiver, sans se laisser emporter par le seul nom d’un mois que des siècles de légendes et d’images ont habillé des seules vertus du Printemps, oubliant, de fait, son profil plus sombre. En montagne, ne pas partir sans les précautions habituelles devant un parcours, qu’il soit de randonnée ou de course vers un sommet, toujours particulier. En campagne, ne pas se laisser tétaniser par des couleurs de paysages, nouvelles, des chants d’oiseaux, ressuscités, des parfums de plantes, attendus si longtemps. En mer, ne pas croire que notre pied marin est atteint d’infaillibilité, tant le spectacle somptueux qui nous est offert, s’avère unique.

Bien sûr, qu’il faut savoir profiter de ces moments rares. Bien sûr qu’il faut partager l’écoute, le regard de ces instants savoureux. Bien sûr qu’il faut se laisser emporter ! Que ce ne soit pas par l’avalanche, l’eau, la boue, mais par l’enchantement, le rêve, l’envie. Or, les uns uns sont toujours à la frontière des autres. Vous savez, quand le rêve tourne au cauchemar…

Pourquoi, rappeler tout cela ? Les vacances scolaires approchent. Les vacances dites de Printemps. Quel joli nom, quelle douceur de vivre en perspective. A consommer sans modération, si ce n’est celle-ci : le Risque est partout. Cette année les vacances arrivent avec la fin d’un épisode hivernal qui n’aura pas été facile pour chacun d’entre nous. La nature a fait parler d’elle. Attention, la nature est belle, attrayante. Connaissons-la du mieux que nous pouvons. Soyons humbles. Sachons écouter les gens qui vivent à longueur de temps sur un site que nous abordons et quitterons aussi vite. Prenons le temps de faire connaissance avec lui, avant de nous y rendre. Le lieu qui va nous accueillir. Ce qu’il est, son profil, son Histoire, ses histoires. En amont d’un déplacement, nos moyens modernes de communication ont toute leur place dans cette mise à découvert.

Sachons garder le fil. Etre heureux implique d’être attentif.

Bernard Sautet

08 avril 2013