Il y avait l’Irak, au quotidien ou presque. Il y avait la Syrie, régulièrement. Il y en avait d’autres. Des situations qui durent. En avril, il y a eu celui-ci : Boston. Puis, celui-là : Tripoli. Les attentats, Risque Majeur, s’il en est ! Ils viennent allonger la liste funeste de ceux commis, un peu partout dans le monde. La liste des innocents touchés par l’aveuglement, aussi. Les fanatiques se rappellent à notre bon souvenir. Et combien sont stoppés en cours de route par les services secrets, eux aussi, un peu partout dans le monde ? Combien ? Tristes missions pour de bien tristes personnages. Pas uniquement le poseur de bombe, mais ceux qui forment le cordon de commandement de l’assassinat. Même si, pour l’attentat de Boston, on a su, très vite, qu’ils étaient deux frères. Oui, mais, l’un était marqué, non pas par une chaîne de commandement, mais par une autre chaîne, tout aussi puissante, celle de l’incitation, de la récupération, de l’enrôlement, du soutien, celle du «voyez, on est capables de le faire», celle qui aboutit au geste odieux.

A chaque événement de ce type, force est de constater que le terroriste, d’une façon ou d’une autre, s’appuie toujours sur une interprétation infondée, de ce que dit tel ou tel précepte du Coran, pour suivre sa voie. Croit-il réellement qu’il lui est demandé de tuer ? Croit-il vraiment que nous, peuples occidentaux, avons l’intention, ne serait-ce que cela, de détruire les populations du Maghreb, du Moyen Orient ou autres pays, forts de la religion musulmane ? Croit-il absolument que notre tentation quotidienne, est l’insulte de Dieu ? Il faut simplement rappeler que les interprétations du livre sacré sont diverses et qu’une peut avoir été revue et corrigée par des individus à l’intelligence maléfique, qui ont su détourner la parole du Prophète à leur profit, entraînant dans leur sillage, nombre de personnels au profils variés. Qui sont-ils ? Issus de tout les rangs de sociétés diverses. Que deviennent-ils ? Des assassins, qui, le plus souvent, s’auto-assassinent dans la réalisation de leur acte. Et dire qu’au début, en leur temps, les bédouins, devenus des armées parties à la conquête des civilisations européenne, africaine, asiatique et autre terre éloignée de leurs bases, n’avaient qu’un but : diffuser la parole de Dieu. Après…

Lâches, les terroristes le sont pour pouvoir ainsi abîmer des vies, à tout jamais, au travers de blessures profondes. Ils le sont, pour savoir semer la mort, tapis dans l’ombre. Ils le sont dans leur obstination à voir en l’autre, un instrument de Satan. Ils le sont dans leur façon de placer leur acte dans la main de Dieu, ce qui revient à dire : «c’est pas moi, c’est Lui». Lui, Dieu, puisqu’Il les guide. Puisque ce qui est fait, est fait en son nom… Aussi, pour ceux qui commettent l’acte auquel ils ne survivront pas, leur ultime lâcheté – qui, aux yeux de certains, pourrait être, inversement, considérée comme une décision courageuse – réside dans le fait de pouvoir mourir «en martyr». Erreur de casting. Les martyrs sont ceux qui sont touchés au plus profond d’eux-mêmes, ceux qui se trouvaient là, qui n’avaient rien demandé à personne et qui, en tout cas, n’étaient pas là pour se faire tuer, être blessés ou, au mieux, repartir avec dans leur vie maintenant, des images, des sons, chacun en surimpression et qui deviendront, au fil du temps, lancinants. Dans les années qui viennent, notre monde va devoir continuer à vivre avec les obsessions des auteurs de ces folies meurtrières. Mais ne sont-ils que cela ? Ne sont-ils pas également constitutifs de bandes à but très lucratif et à l’organisation mafieuse ? Certains, oui, surtout au niveau des chefs ! Résister demeurera d’autant plus notre credo. Mais, nous devrons aussi continuer de chercher à comprendre (et non pas «les comprendre»). Comprendre d’où vient tant de haine, jusqu’où ils veulent aller, savoir pourquoi ils y vont en suivant la voie de la terreur, au seul nom de Dieu ! Mais, hormis quelques têtes pensantes, le savent-ils eux mêmes ? Une seule certitude : ils ne lâcheront rien. A nous de ne rien relâcher.

Bernard Sautet

05 Mai 2013