A la fin du printemps, Lourdes et sa région ont connu des intempéries telles, que les inondations qui leur sont dues, ajoutées à la fonte des neiges massives, ont provoqué la mort de trois personnes et des dégâts considérables. Encore une fois, qu’avons-nous entendu ? «On nous avait pas prévenu… On nous avait pas dit… On savait pas». Catastrophe après catastrophe, ce chapelet d’inconscience, d’irresponsabilité, de refus de voir, remonte à la surface. Et puis cette femme, prise au piège des flots d’eau et de boue, parce qu’elle n’a pas, à ce que l’on nous a dit, respecté l’interdiction de s’engager sur une voie soumise aux contraintes de mouvements puissants. Elle avait ses raisons, mais fallait-il qu’elles soient si impératives, au point de risquer sa vie ? Et de l’y laisser.
Quand allons-nous, enfin, chacun que nous sommes, être humain fait de chair et de sang, d’accord, mais également de réflexion, affublé d’un minimum et plus, de jugeote, capable de se projeter dans un avenir proche, reconnu pour son naturel de perspicacité, quand allons-nous, enfin, nous comporter en adulte «raisonnable» ? Quand allons-nous admettre que, où que nous nous trouvions, le Risque Majeur, peut très vite s’inviter ? Déjà, en France, pas moins de 24 000 communes sont concernées par un Risque Majeur connu. Et les endroits où il ne se passe jamais rien ? Jusqu’au jour fatal… «Oh, ben çà alors !».
Prenons conscience, prônons le bon sens, apprenons la réalité des faits, ne nous méprenons plus : le Risque est dans nos vies. Il est partout présent. Soyons réalistes et engageons-nous dans ce combat, pour nous, pour les autres.
Que faut-il faire ? Que faut-il dire ? La prévention de l’immédiateté est très généralement au point. Maintenant, à chacun de traduire ce qui lui est indiqué. Car chaque être fonctionne selon sa propre interprétation. Pire, il s’estime en droit d’adapter à ce qu’il est, telle ou telle recommandation ou tel ou tel «ordre». En fait, en la matière, il n’y a pas d’ordre et, peut-être, est-ce là, le défaut. Lorsque les autorités interdisent un franchissement de chaussée, qu’une personne passe outre… et meurt, la sanction est immédiate. Si elle s’en sort, que se passe t-il ? Soit elle franchit l’obstacle seule, soit on envoie les secours. Dans les deux cas, une sanction devrait tomber. Il y en a marre de voir la Société payer pour quelques abrutis qui se croient au dessus des lois, au dessus de tout ! Doit-on continuer de laisser faire le laisser faire, sans ne rien faire ? Une fois pour toutes, que chacun veuille bien se prendre en mains, qu’il ou elle se responsabilise en écoutant, en apprenant, en observant, en agissant. Bien évidemment, des Risques sont totalement imprévisibles, mais tant d’autres sont connus, surveillés, attendus, annoncés, qu’ils peuvent être abordés complètement en amont de leur réalisation possible. C’est aussi chacun qui peut être en mesure de s’assumer, lorsqu’il a connaissance d’une situation à Risque.
Le problème de l’inaction tient dans l’inertie, mais plus probablement peut-être, dans l’incrédulité. Le phénomène s’annonce comme tellement énorme, que personne ne peut y croire. Comment un tel événement pourrait-il réellement se réaliser, ici ? Là où je suis ! Phénomène naturel, technologique ou autre, on ne mesure pas forcément l’impact et les conséquences de la catastrophe. Pourtant, de plus en plus d’exemples se produisent année après année. Tout cela devrait faire réfléchir. Or, mis à part une pensée pour les victimes, à chaud, un questionnement le temps du temps médiatique, la mémoire passe à autre chose… J’y pense et puis j’oublie. Pourtant, sans devenir une Cassandre des temps modernes, il serait plus que judicieux – impératif – de se préparer, pour ne pas sombrer, si, un jour, l’événement fatal devait, effectivement, se présenter.
Bernard Sautet
Août 2013