Les vacances ! Enfin, les vacances : la joie, la détente, la découverte, le dépaysement, le changement, le délassement, le flirt, la réalisation du rêve… la réalisation du Risque ? La vague, la coulée, le séisme, l’explosion, le drame, la mort. Pendant que vous vous reposez, le Risque travaille. Ni plus, ni moins que d’habitude, mais tranquillement et toujours aussi sournoisement. C’est que le personnage est un vicieux. Il sait que, chez vous, à longueur d’année, vous le fréquentez. Comme quelqu’un, même pas de peu recommandable, mais de pas fréquentable du tout. Seulement voilà, vous n’avez pas d’autre possibilité que de vivre avec. Bien sûr, il sait quand vous partez. Il voit que les volets se ferment, que la maison ou l’appartement se vide, moins d’animation autour de lui, il continue son petit bonhomme de chemin. Son travail de sape. Mais, maintenant, vous le connaissez bien, depuis le temps que vous le côtoyez. Si vous êtes nouvel arrivant dans votre lieu de vie, vous vous êtes renseigné. Vous savez, vous comme tous, ce qu’il peut faire comme dégâts, la façon dont il peut se présenter à vous. Vous êtes tout à fait au courant du comment l’affronter. Vous êtes parfaitement informé de la façon dont vous allez pouvoir vous préparer pour vous protéger au mieux, pour protéger votre famille, pour protéger vos biens, face à un réveil toujours possible de ce monstre venu d’à côté, d’ailleurs ou de nulle part…

Vous le savez, pendant votre absence, il peut très bien faire des siennes, comme il avait fait des petits. Plutôt, des métastases ! Puisque le Risque est partout, naturel, technologique, attentatoire, accidentel, il possède plusieurs visages, il peut, il sait prendre plusieurs formes. Aussi, faut-il rester sur ses gardes. Il ne s’agit pas de se dire en permanence que nul n’est à l’abri, nulle part, à n’importe quel moment. Il s’agit seulement de se rassurer d’abord en se renseignant sur son lieu de vacances, quant au Risque Majeur repéré, suivi par les autorités. Il s’agit ensuite d’adapter son propre art de vivre à la situation. Se mettre en harmonie avec son environnement, c’est à dire, accepter le bon et le moins bon, moins bon auquel, naturellement, appartiendra le Risque. Le feu de forêt dans le midi, l’avalanche ou la chute de pierres en montagne, la tempête sur les côtes ouest, l’inondation, le tremblement de terre, l’explosion chimique ou autre, l’attentat, le mouvement de foule… lesquels s’éparpillent sans que l’on sache toujours très bien où ! Forcément, le Risque ne prévient pas à chaque fois de sa future réalisation. Parfois, quand on sait qu’il est là, on peut le repérer plutôt facilement. D’autres fois, non.

Arriver quelque part, se mettre les doigts de pieds en éventail, c’est sympa. Arriver, se retrousser les manches, le temps d’en savoir un peu plus sur le sujet, c’est pas mal non plus. A terme, mieux, peut-être ! Au lieu d’aller à la chasse aux crevettes ou au dahu, je vais à la chasse au renseignement. Mairie, Préfecture, les deux pôles principaux, capables de m’en dire plus. Il s’agit, seulement, de connaître ce nouveau territoire, de façon à y vivre en toute tranquillité d’esprit, le temps des vacances.

À quel type de Risque, ai-je donc à faire ? Son historique, l’organisation de surveillance mise en place, sa zone d’action possible, les signaux émis par lui pour s’annoncer – s’il s’annonce -, les moyens d’alerte émis en cas d’immédiateté de Réalisation, autant de courtes questions susceptibles de vous apporter un minimum d’assurances, quant à un repos de l’esprit d’abord, du corps ensuite, le temps de votre présence en ce lieu magnifique, celui que vous aurez justement choisi.

Le Risque Majeur, ce héros malgré nous, que l’on voudrait ne jamais voir éructer, est un monstre de perfidie et tout est bon pour le réduire. Alors, commençons nous-mêmes par être prudents, par ne pas provoquer, volontairement ou connement, ce destructeur des mers, des terres des airs. I

Unique rappel : le Risque est partout. Partout, sans être obsédés, soyons vigilants.

Bernard Sautet

Juillet 2014